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Rendre le secteur des EHPAD plus attractif en se basant sur la stratégie d’établissement | Post de Sylvain Guillaume

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15/05/2024
Fiche pratique n° 2316

Rendre le secteur des EHPAD plus attractif en se basant sur la stratégie d’établissement
En dehors de la problématique des moyens humains, des renforts en personnel que tous les établissements demandent, des augmentations de rémunérations, du mode de management, des modèles d’organisation ou des axes stratégiques du projet d’établissement peuvent permettre de travailler à l’attractivité des EHPAD public territoriaux
Conformément au modèle de Schuler et Jakson, (1987) qui donne une compréhension des différents types de stratégies d’établissement , les EHPAD territoriaux doivent ancrer l’établissement dans une stratégie de différentiation par la qualité ou par l’innovation ou se spécialiser. Le projet d’établissement est un bon outil pour y parvenir

Partie 1/3 : Les actions s’inscrivant dans le cadre d’une stratégie de différenciation par la qualité

1. Les rencontres à domicile afin d’évaluer les attentes et les besoins des futurs résidents. 

L’objectif de ce dispositif innovant est de rendre l’entrée moins brutale pour le futur résident : une équipe de l’établissement (cadre de santé, avec éventuellement aide-soignante et chargé d’accueil voire directeur) va systématiquement à la rencontre de la personne qui envisage d’entrer dans l’établissement afin de répondre à ses interrogations et de lui présenter la prise en charge proposée. Très peu mis en place il pourtant essentiel pour éviter la rupture de l’entrée en institution en expliquant en a :mont la prise en charge et en créant un lien avec le futur EHPAD. C’est certes chronophage mais essentiel. Quelques EHPAD le pratique.

2. La mise en place des « référents résidents »

Ce dispositif s’avère très difficile à mettre en place en raison du manque de temps du personnel et de la formation des salarié.e.s, davantage orientée « sanitaire » que « accompagnement social ».
L’analyse d’une Agence Régionale de Santé  dans un rapport publié en 2011 rappelle le rôle-clé du référent :
- il favorise la prise de repères pendant les premières semaines dans l’établissement,
- il doit être l’interlocuteur direct sur les besoins quotidiens du résident,
- il assure l’interface entre l’établissement et la famille ou le tuteur,
- il recueille et centralise toutes les informations relatives aux besoins, souhaits, et habitudes de vie,
- il favorise la dimension relationnelle et donc une individualisation de l’accompagnement .

3. Un programme d’animations riche et varié

« Ecouter, animer, divertir, créer, organiser, stimuler » 
L’animatrice doit avant tout apporter une écoute, un soutien et un accompagnement à la personne âgée, à travers des animations individuelles ou collectives.
Elle développe des projets et des activités qui divertissent les résidents. Elle revalorise la personne âgée en l’aidant à maintenir son autonomie, en stimulant sa mémoire et ses capacités physiques. 
Elle élabore les plannings d’animation en fonction des souhaits des résidents. Elle compose des groupes homogènes lors des activités et veille à ne pas exclure les personnes âgées les moins autonomes physiquement et/ou psychiquement. 

4. L’impulsion de la démarche qualité, par le déploiement de logiciel qualité

5. Axer le projet d’établissement et l’établissement sur la qualité de vie au travail avec un axe fort sur la santé au travail :
Concernant les professions de la Santé, et d’après la revue de la littérature anglo-saxonne , entre 29% et 100% de ces professionnels souffrent de stress professionnel, dû à la tension au travail dont de fortes exigences professionnelles et un faible soutien social, au manque de reconnaissance professionnelle, aux expériences professionnelles et facteurs environnementaux. Un ouvrage de référence  est celui de Madeleine Estryn-Behar qui analyse au niveau européen la problématique de la santé et de la satisfaction des soignants.
L’ouvrage cible des pistes d’amélioration du personnel soignant dans le secteur de la santé :

a. La Réponse au besoin de reconnaissance des compétences par les actions suivantes :

-    Favoriser le partage des différentes approches et des connaissances de façon pluridisciplinaire
-    Reconnaitre une autonomie professionnelle du personnel sur leur champ spécifique en adoptant un management situationnel tenant compte de l’autonomie de chaque collaborateur
-    Montrer le lien entre qualité du travail d’équipe, qualité des soins et réduction des événements indésirables
-    Développer et valoriser les postes de référent en développant l’expertise
-    Reconnaitre le besoin d’équilibrer vie personnelle et vie de travail via des plannings adaptés et « à l’avantage du salarié » dans sa construction et son mode de fonctionnement
-    
b. La prévention les troubles psychologiques :

-    Favoriser la concertation et le soutien psychologique
-    Promouvoir une meilleure transmission des informations entre paramédicaux et médecins pour réduire le risque d’erreurs
-    Organiser des temps de relèves fréquentes et des réunions d’équipes régulières
-    Faciliter le soutien et la proximité des cadres pour que tous les réaménagements et réorganisations prennent en compte le travail réel. Les responsables d’équipes doivent être issu du terrain et être proche de leur collaborateur

-    Développer le tutorat et le mentoring des stagiaires.
-    Favoriser les perspectives professionnelles pour l’ensemble des agents de tous grades

c. La réduction des troubles musculosquelettiques:

-    Travail autour de la réduction des exigences physiques du travail
-    Des analyses coût avantage intégrant la qualité de vie au travail à l’exemple des rails de transfert
-    Travail en lien avec la médecine du travail
-    Achat prévisionnel d’exosquelette pour lutter contre les charges de travail excessives et la pénibilité

d. Les dispositifs de soutien aux professionnels : la différencions par l’éthique

En plus des groupes d’analyse des pratiques professionnelles, l’établissement peut créer un comité éthique inter-établissements sur plusieurs établissement avec statuts différents ce qui est encore plus riches. La nouvelle réglementation tel que la loi bien vieillir et l’HAS le recommande dans son nouveau référentiel. Ce Comité d’éthique permet aux professionnels de se rencontrer pour réfléchir à leurs pratiques.
L’HAS retient la définition suivante : « c’est une réflexion qui vise à déterminer le bien-agir en tenant compte des contraintes relatives à des situations déterminées » … « Loin de représenter un nouveau domaine d’expertise généralisable, l’éthique s’affirme dans l’acte ; elle est un positionnement critique sur les normes de conduite de différentes natures, un questionnement permanent des orientations générales par l’acte singulier » … « L’éthique est donc de l’ordre de la recherche individuelle et collective : elle désigne le questionnement de l’action sous l’angle des valeurs et cherche à dépasser une logique d’action purement technique »
Les recommandations de l’HAS  :
Une exigence : réaffirmer la position d’acteur de la personne accompagnée
Avant d’être bénéficiaire d’une action d’aide et d’accompagnement, chaque personne est un sujet doté de capacités et d’une autonomie propre, porteur d’un projet de vie et d’attentes spécifiques.
« Ces attentes correspondent aux souhaits, désirs, envies, éléments de projets que les personnes forment elles-mêmes et proposent aux professionnels. Elles peuvent être latentes, simplement ressenties, explicites ou implicites, mais elles existent toujours ».
Les personnes accompagnées sont susceptibles de rencontrer des difficultés pour s’exprimer et faire valoir leurs attentes ou leurs droits. Logiques professionnelles et contraintes institutionnelles peuvent prendre le pas sur la prise en compte prioritaire de ces personnes en tant que sujets et citoyens.
La vigilance s’impose donc afin de contrebalancer ces logiques et de permettre aux intéressés d’occuper toute la place qui leur revient en évitant deux écueils :
• une attitude démagogique qui ne tient pas compte des difficultés éventuelles de conceptualisation et de communication et entraîne la prise en otage de la personne ;
• une attitude disqualifiante qui peut amener les professionnels à se substituer à cette dernière puisqu’ « ils la connaissent bien… ».

« L’action sociale se trouve interrogée par les contradictions sociales sur ses finalités même, sur le sens du vivre ensemble, comme l’est la société tout entière ».
La confrontation des différentes logiques de l’action sociale et médico-sociale (thérapeutique, éducative et sociale, judiciaire, administrative, gestionnaire…) peut se traduire par des tensions qui affectent l’action des professionnels au quotidien :
- intérêt privé et intérêt collectif 
- mission d’aide et normalisation/contrôle 
- demande de l’usager et commande institutionnelle 
- autonomie et réglementation 
- secret et information partagée 
- logique de mission et logique de gestion 
- protection et autonomie

Dans un tel contexte, l’expérience de l’impasse de l’action, l’incertitude, la culpabilité, l’angoisse, l’indignation ou la souffrance appellent à un travail éthique individuel et collectif.
La demande de repères de la part des professionnels est alors intimement liée à la nécessité de rétablir un bon agencement des responsabilités engagées dans le travail d’accompagnement.
L’articulation des composantes éthiques personnelles, professionnelles, institutionnelles
Chaque structure établit des principes d’intervention, basés sur des valeurs, au niveau institutionnel, inscrits dans le projet d’établissement ou de service, le cas échéant, en lien avec les valeurs et les orientations stratégiques de l’organisme gestionnaire. Ce dernier a un rôle central dans l’impulsion de la réflexion éthique auprès des structures en tant que lieu porteur de valeurs communes et fédérateur de moyens.
L’éthique pour se ressourcer
« Par leur complexité, leur durée, la dureté des expériences humaines auxquelles elles renvoient, les situations dans lesquelles se trouvent les usagers mettent parfois les professionnels devant des questions sans réponses immédiates, auxquelles aucune posture fixée à l’avance ni aucun fonctionnement préétabli ne peuvent répondre.
Pour que cette expérience de l’impasse de l’action, de l’incertitude ou de la souffrance ne conduisent pas les professionnels à se décourager ou à perdre leur créativité, il est recommandé que les équipes aient la possibilité d’avoir ensemble un questionnement éthique susceptible, faute de pouvoir résoudre toutes les difficultés qui se présentent, d’amener au moins une ressource de pensée indispensable pour maintenir vivant le désir d’agir pour et avec l’autre. » (Source : « La bientraitance, définition et repères pour sa mise en oeuvre », Anesm, juillet 2008, p. 35)


e. La réduction des troubles musculosquelettiques:

Par un travail autour de la réduction des exigences physiques, avec par exemple la mise en place progressive de rails de transfert et l’achat d’exosquelettes
en travaillant en lien avec le service de médecine du travail

f. La mise en place d’un agent de prévention en lien avec le centre de gestion et l’agent chargé de la fonction d’inspection (AFCI)
 

Lire la partie 2 de cet article : Axer la politique de l’établissement pour se différencier par rapport aux EHPAD voisins

Lire la partie 3 de cet article : Axer le projet d’établissement sur une spécialisation

"Cette démarche initiée par un directeur d’ephad s’appliquant à l’attractivité des ehpad territoriaux, peut inspirer pour partie les recrutements dans les autres collectivités territoriales".

 


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