Interview de Michel Doric président d’Emploi-Collectivites.
Monsieur le président, avez-vous constaté un arrêt total du traitement des ressources humaines en cette période de confinement ?
Après le décret du confinement, on a constaté que toutes les personnes, au recrutement comme ailleurs, ont une période d’adaptation et de digestion de cette nouvelle et de tous les aspects logistiques que cela impliquait. Les gens ont dû s’adapter et intégrer de nouvelles pratiques.
Les traitements des payes ont dû nécessairement se poursuivre à 100 % alors que les services de formation, recrutement et gestion de carrière ont restreint leur activité
Durant cette période, nous avons constaté une forte diminution du trafic du site. Ensuite, nos interlocuteurs RH sont devenus progressivement de plus en plus joignables. Certains ont même pris des initiatives de nous joindre pour nous soumettre différentes demandes. Le pays et ses collectivités locales devaient continuer à faire marcher un certain nombre de dossiers.
Prévoyez-vous une modification durable des pratiques dans le recrutement ?
Effectivement, avant cet épisode inédit, il était difficilement concevable d’externaliser une partie des effectifs de recrutement et de mettre en œuvre du télétravail.
L’obligation de devoir faire face aux obligations a eu raison des habitudes, des réticences, des objections. Rendons d’ailleurs hommage aux mères et pères de jeunes enfants, parfois turbulents, ayant des responsabilités de ressources humaines, et devant appeler des candidats par exemple.
Quelles pratiques vont émerger de cette situation où les recruteurs ont été obligés de travailler à distance ?
Il est vraisemblable que les plus réticents ont parfois découvert de nouveaux possibles. Il est possible par exemple que tous les collaborateurs d’une DRH ne se rendent pas quotidiennement au bureau et fassent l’économie quelques jours dans la semaine d’un déplacement long et fastidieux, considéré désormais comme non indispensable.
Des collectivités mettront sans doute à disposition de leurs agents, de nouveaux outils facilitant la communication avec les candidats, la coopération avec les collègues, la confidentialité des données, entre autres.
Quelles sont les outils principaux de visioconférence ?
Nous avons cherché à identifier les principaux outils de communication de coopération à distance et de visioconférence pour nos propres besoins mais aussi pour aider nos partenaires collectivités à gagner du temps.
Nous avons ainsi identifié :
- Google hangouts
- Google meet
- Zoom
- Go to meeting
- Skype premium
- Facetime Apple
- Whatsapp
- Messenger FB
- Lifesize
- Bluejeans
- Startleaf
- U meeting
- Teams Microsoft
- whereby
- Webex
- Clickmeeting
- Citrix gotomeeting
- Adobe connect
- Evoice
- Cisco webex
- Join.me
- ...
Recommandez-vous certains de ses outils ?
Nous ne recommandons aucun outil en particulier, et nos partenaires trouveront suffisamment de comparatifs sur Internet. Il y a tout de même des points incontournables dans le choix d’outils coopératifs à distance : la confidentialité et la protection des données est essentiel puisque la discipline RH concerne la vie privée des gens.
Par ailleurs, la capacité d’un outil à pouvoir gérer simultanément un nombre élevé de connexions avec de bonnes qualités de communication nous paraît importante aussi. Tous les collègues et les candidats n’ayant pas un niveau homogène élevé de qualité de connexion, il est nécessaire de se préoccuper de la bande passante que nécessite l’outil recherché pour générer une bonne qualité de communication.
Nous avons identifié une dizaine d’autres points à évaluer pour choisir un outil coopératif à distance. Nous tenons ces points à disposition.
Pensez-vous que l’on peut remplacer l’interview classique du candidat en face-à-face par des outils de visioconférence ?
C’est une question-clé, et de nombreux recruteurs considèrent que la visioconférence ne permet pas de ressentir les mêmes choses qu’un rendez-vous en tête-à-tête.
Cependant, ces outils peuvent être indéniablement utilisés Dans la première phase du recrutement pour un premier contact par exemple. Tout le monde est gagnant dans ce cas : le candidat fait l’économie d’un premier déplacement. Le recruteur quant à lui peut écourter ce premier rendez-vous. Les rendez-vous physiques seront ainsi confirmés à bon escient.
Y a-t-il une particularité des recruteurs « collectivités territoriales » dans ce contexte d’adoption de nouvelles pratiques ?
Les collectivités territoriales attachent une importance particulière au respect de leurs agents, et de leurs candidats, futurs agents potentiels. La garantie de confidentialité est essentielle. La qualité des outils utilisés, est à ce titre primordiale.
Chaque collectivité a des caractéristiques propres qui influenceront la future organisation retenue (taille, attractivité, nombre de candidats traités, effectif de l’équipe RH,...).
L’expérience vécue par ce début de confinement imposé aura selon qu’elle a été positive ou traumatisante une influence déterminante sur le futur.
Propos recueillis par J.N .2020