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Axer la politique de l’établissement pour se différencier par rapport aux EHPAD voisins | Post de Sylvain Guillaume

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15/05/2024
Fiche pratique n° 2317

Partie 2/3 : Axer la politique de l’établissement en proposant une prise en charge innovante non médicamenteuse pour se différencier par rapport aux EHPAD voisins  | Post de Sylvain Guillaume

Au-delà de la prise en charge médicamenteuse, sur prescription, les EHPAD doivent s’inscrire dans une démarche parallèle et complémentaire qu’est la prise en charge non médicamenteuse. La frontière entre le soins et l’animation peut être quelques fois complexe à définir aussi certaines actions relève à la fois du soin et de l’animation.
Le personnel formé régulièrement est le garant de cette mise en œuvre quotidienne.
La Fondation Médéric Alzheimer a publié en 2024 une version enrichie de son guide pratique « Interventions non médicamenteuses et maladie d’Alzheimer » visant à comprendre, connaître et mettre en œuvre ces mesures.
Il y a un socle minimum de prises en charge que chaque établissement devrait atteindre dans les prochaines années.

a. Le plaid sensoriel 

Le plaid sensoriel est une couverture thérapeutique visant à améliorer l’accompagnement des résidents. Il est adapté à la prise en charge non médicamenteuse des symptômes psycho-comportementaux (Anxiété, dépression, apathie, refus de soin, difficultés d’endormissement, auto-hétéro agressivité).
Il propose différentes stimulations sensorielles : sons, lumières, chaleur, vibrations douces (+ poids du plaid et matière).
Les Objectifs :
- Diminuer les symptômes psycho-comportementaux 
- Favoriser le bien-être et l’apaisement
- Favoriser l’estime de soi et une image corporelle positive
Utilisation : 
Le plaid sensoriel est principalement utilisé en séance individuelle :  
- En prévention (avant l’apparition d’un trouble du comportement, si moment identifié)
- En soins immédiat (lorsque le comportement difficile est présent)
- Durant un soins infirmier définit comme douloureux ou inconfortable 

b. Les tables sensoriels et lumineuse

Ce type de table proposées par plusieurs fournisseurs est un outil ludique et thérapeutique adapté aux personnes dépendantes et présentant une démence. Elle agit sur l’activité physique, cognitive, sociale et sensorielle grâce à des effets lumineux. 
Elle permet une prise en charge non médicamenteuse. Les résidents sont plongés dans un univers apaisant, stimulant, créatif et familier. 
Les Objectifs :
- Attirer et capter l’attention des personnes.
- Stimuler la prise d’initiative grâce à l’attractivité de la lumière, du mouvement et du son associé. 
- Travailler la motricité fine. 
- Canaliser les troubles du comportement et de l’humeur en renforçant le bien-être des résidents. 
- Favoriser l’estime de soi. 
- Stimuler l’interaction sociale, créer du lien avec les autres. La communication est parfois compliquée entre le résident / le personnel et entre le résident / ses proches au vu de leurs troubles cognitifs. L’outil peut être employé comme un vecteur de communication et de liens sociaux et familiaux. 
- Réduire l’isolement, la solitude et l’inactivité, diminuer l’apathie.   
- Améliorer certains états de santé : anxiété, dépression, déambulation, agressivité, agitation… et ainsi limiter la prise médicamenteuse. 
Utilisation : 
La tovertafel est utilisée de manière individuelle et collective.

c. L’approche Snoezelen

L’approche Snoezelen prend en compte la notion d’exploration sensorielle, dans un climat de détente et de plaisir.
Ce n’est ni une méthode, ni une technique. Il s’agit d’être dans l’accompagnement, l’observation, l’écoute, le soutien… tout en laissant l’initiative et le temps à la personne âgée de percevoir et découvrir les stimulations proposées. 
La relation se construit autour des propositions de relaxation, d’apaisement et de stimulations sensorielles (visuelles, tactiles, olfactives et/ou sensorielles) faites par l’accompagnant et/ou choisies par le résident. 
L’approche Snoezelen est non directive et sans obligation de résultats.
Les 3 grands axes de l’accompagnement Snoezelen sont :
?Le relationnel : respect de la personne, de son rythme, de ses envies, de ses besoins.
?Le sensoriel : priorité aux expériences sensorielles en tant que moyen de découverte de l’environnement,
?La détente et le bien être : recherche du plaisir et de la satisfaction. 
Les Objectifs :
- Diminuer les troubles du comportement et de l’humeur en renforçant le bien être des résidents,
- Réduire les émotions négatives,
- Lutter contre l’apathie,
- Désamorcer les angoisses,
- Créer une expérience de plaisir et d’apaisement pour oublier les sensations douloureuses, 
- Améliorer certains états de santé : anxiété, dépression, déambulation, agressivité, agitation… et ainsi limiter la prise médicamenteuse, 
- Faire appel à la mémoire sensorielle et affective,
- Favoriser la communication verbale et non verbale,
- Favoriser l’estime de soi,
- Etablir un lien en passant par les émotions et les sensations.
 
d. Socio-esthétique

Ces prestations ont pour objectif d’améliorer le bien-être physique, psychologique et social des résidents, tout en limitant les douleurs et les angoisses ainsi qu’en luttant contre l’isolement. Ces interventions doivent etre pensées en équipe pluriprofessionnelles et doivent s’inscrire dans le projet personnalisé du résident. Elles doivent etre offertes par la résidence.
Les bilans sont réalisés à la fin de chaque séance, les bienfaits sont visibles dès la première rencontre et cette approche permet une prise de contact pleine de douceur auprès de résidents dont la prise en charge est parfois difficile.

e. La médiation animale

La médiation animale est bien connue et reconnue. Des séances individuelles ou collectives peuvent etre mises en place. Les objectifs principaux sont la réminiscence et la stimulation sensorielle. Les résidents sont amenés par la présence de l’animal. Ils sont aussi amenés à parler de ce qu’ils ressentent envers l’animal. 

f. Hypnose

Il convient de former le personnel volontaire aux techniques d’hypnose appliquées à la gestion de la douleur et du stress.
L’hypnose fait partie des approches de soin non médicamenteuses.
Il se définit par un état passager de conscience modifiée d’hypovigilance et de dissociation permettant des suggestions thérapeutiques.
L’état de conscience modifié induit par l’hypnose entraine des modifications sensorielles et affectives qui permettent au sujet de modifier l’information douloureuse au niveau cortical, faisant disparaître les aspects psychologiques : la souffrance, l’anxiété…
Il s’agit, par exemple, d’amener le sujet à fixer son attention sur différents canaux sensoriels. Cela peut-être une image, un son, un mouvement, une odeur. 
Le résident fait alors abstraction de toute autre perception (douleur, anxiété…).
La formation doit permettre aux agents formés de prendre conscience que l’hypnose faisait partie de leur prise en charge quotidienne et leur a permis de renforcer leur pratique.

g. Luminothérapie

Ce dispositif offre une approche novatrice pour la relaxation profonde, en combinant la luminothérapie par la stimulation lumineuse à des rythmes précis et la relaxation guidée par la voix avec des sons, des musiques et des suggestions. 
Cette approche vise à induire un état de lâcher-prise et à favoriser l'écoute subconsciente.
Cet outil fait partie des nouvelles technologies qui permet de proposer aux résidents un accompagnement non médicamenteux.

h. Aromathérapie

Il convient de sensibiliser le personnel à l’utilisation des huiles essentielles, elle a été accompagnée dans un premier temps par une Aromathérapeute, qui lui a transmis la connaissance des huiles et leurs bénéfices.
Un tour des résidents doit etre réalisé pour permettre d’établir les difficultés rencontrées et les huiles à mettre en œuvre pour ces situations précises.
Un référent aromathérapie doit mettre en place les protocoles aromathérapie de chaque résident concerné, faire des points réguliers avec la Cadre de Santé

i. Activités physiques adaptées, Boxe, escrime…

Des activités physiques adaptées doivent etre régulièrement proposées aux résidents, adaptés à tous, même les résidents dépourvus d’autonomie, de forces physiques, peuvent participer.
Les résidents souffrant de troubles cognitifs sont accompagnés de telle sorte qu’ils ne sont pas mis en difficultés et la participation aux séances sont comme des petites victoires.
Des bilans doivent être lors de chaque séance, permettant le suivi des progrès et bénéfices.
Toutes ces activités ont pour but :
Le dépassement de soi
La valorisation par la réussite
Le maintien des acquis
Un décret paru au Journal officiel de ce 19 juillet 2024 institue un "référent sportif" désigné parmi le personnel dans les établissements et services médico-sociaux.
Ce décret est pris en application de l'article 1er de la loi n°2022-296 du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France, y est-il précisé.
Une sous-section est ajoutée dans le code de l'action sociale et des familles (CASF) intitulée "référent sportif".
Il y est inscrit que "dans chaque établissement" et service social ou médico-social, "le directeur désigne parmi ses personnels le référent pour l'activité physique et sportive".
"Le directeur recueille l'accord de l'intéressé et s'assure qu'il dispose, sur son temps de travail, des disponibilités nécessaires à l'exercice de ces fonctions."
Les missions du référent sont ensuite détaillées:
•    Il "informe régulièrement les personnes accompagnées par l'établissement de l'offre d'activité physique et sportive assurée au sein de l'établissement et à proximité de celui-ci, notamment au sein des maisons sport-santé"
•    "Il en informe également le conseil de la vie sociale [CVS] ou toute autre instance de participation mise en place au sein de l'établissement, les familles des personnes accompagnées, les représentants légaux lorsqu'il s'agit de mineurs, les personnes chargées de la mesure de protection juridique lorsqu'il s'agit de majeurs faisant l'objet d'une mesure de protection juridique avec représentation relative à la personne, et les personnes de confiance". Il exerce cette mission "en lien avec les professionnels intervenant dans l'établissement"
•    "Il veille à ce que l'information délivrée soit claire et adaptée à la compréhension de tous"
•    "Il peut également proposer aux personnes accompagnées, le cas échéant en lien avec leur médecin traitant, un plan personnalisé d'activité physique et sportive dont l'élaboration et le suivi sont partagés avec les professionnels intervenant dans l'établissement."
Il est enfin noté que "le directeur assure, par le biais de la formation continue, le développement des compétences du référent nécessaires à l'exercice de ses fonctions".
Une note d’information interministérielle du 29 février 2024 vise à accompagner les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) dans le déploiement de l'activité physique et sportive (APS) auprès des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.

j. La musicothérapie

Cette approche permet le maintien des connaissances, fait travailler la mémoire et permet aux résidents de se souvenir aimées et chantées du passé. Par son coté récréatif et ludique cela permet une gymnastique cérébrale à la portée de tous les résidents, les souvenirs ressurgissent.

k. La réalité virtuelle

Forte d’une technologie innovante, les résidents peuvent voyager sans sortir de leur fauteuil. Ils peuvent voyager dans des pays étrangers ou bien se voir nager dans la mer, se retrouver dans des décors familiers comme celui des campagnes.
Une salarié suit leur parcours virtuel et guide les résidents par la voix, que les résidents ressentent bien être et apaisement. Au de là de la prouesse technologique, cet outil permet de limiter les troubles anxieux.

l. Proposer de sorties régulières et des séjours vacances mêmes pour les personnes agées dépendantes et désorientées

Les sorties et animations en maison de retraite occupent un rôle important dans le projet de vie des résidents. Elles permettent de sortir de la solitude pour certains résidents et  à combattre la dépression, maintenir les liens sociaux
Pour la Haute Autorité de Santé Publique, en entrant en EHPAD, le résident perd son rôle de voisin, de client et ses relations sociales de proximité souvent développées depuis de nombreuses années. Par l’éloignement du domicile, il peut aussi être plus difficile de maintenir les relations amicales.
Néanmoins, ces contacts de proximité ont déjà fréquemment fortement diminué de manière
naturelle par l’avancée en âge. Le nombre de contacts hebdomadaires avec les voisins et les
commerçants commence à décroitre à compter de 70 ans, par le double effet de l’arrivée de
handicaps limitant les sorties et la mortalité des personnes avec qui la personne est en contact. De même, les liens amicaux sont fortement distendus également à compter de 70 ans 65
Si la qualité des soins a une place importante au sein de l’EHPAD, ce ne sont ni la douleur, ni les pathologies qui sont la principale cause d’insatisfaction des résidents : la principale cause
d’insatisfaction des résidents en EHPAD est le manque de sortie (38 % des résidents, contre moins de 10 % d’insatisfaction sur la question des horaires ou des soins)66
La Haute Autorité de Santé de rajouter que la personne âgée, en tant que titulaire de droits comme tous citoyens, devrait pouvoir aller et venir librement hors de l’EHPAD. Néanmoins, peu de résidents, en raison des différentes pathologies touchant les résidents, en sont encore capables :
- soit les pathologies touchent la motricité de la personne, rendant difficile la marche de
manière autonome et nécessitent un accompagnement pour sortir
- soit les pathologies touchent les capacités psychiques de la personne, occasionnant des
risques de perte ou de désorientation. Ainsi, certains établissements restreignent volontairement les sorties des résidents


Conclusion : Actuellement, toutes ces approches non médicamenteuses sont utilisées pour limiter les troubles du comportement, limiter les troubles anxieux, mais également les accompagnements en fin de vie, prise en charge de la douleur. 
Une partie de ces approches doivent être gérées par des référentes formés et volontaires portant les différends avec éventuellement des primes sir le budget de l’établissement le permet mais ce n’est pas obligatoire.
Le principe de mise en place des référents liées aux approches non médicamenteuses :
Théorie des expériences de travail innovantes
Les études ont démontré que « les expériences de travail contribuent à l’implication affective des salariés. Dans la mesure où l’entreprise influence ces conditions de travail, ces dernières semblent un des leviers d’actions dont dispose un employeur pour développer l’engagement affectif de ses employés. Les caractéristiques du poste influencent l’engagement affectif des employés. Les études rapportent que le niveau de défi d’un poste, la mesure dans laquelle le salarié dispose d’autonomie ou encore la variété des tâches qui lui sont confiées, influencent positivement l’implication affective. Les explications apportées à ces relations sont les suivantes : en échange d’un travail intéressant, qui présente des opportunités d’apprentissage et de développement des compétences, les salariés peuvent avoir tendance à développer un lien affectif à leur employeur. Leur engagement affectif est alors une réponse aux opportunités offertes par l’entreprise et à la possibilité pour le salarié de satisfaire ses besoins d’autonomie et de compétences ». 

Deuxième analyse : la théorie du pouvoir de l’expert
Appliquée à la problématique des primes (via l’IFSE par xemple) pour les référents ou ASG ou à des temps dédiés sur des missions spécifiques, cette théorie peut s’entendre en la reconnaissance d’une expertise dans le domaine de l’accompagnement au quotidien aux personnes âgées dépendantes. Il ne suffira pas au directeur de « décréter » par une note de service, que les titulaires de cette formation et de cette prime sont experts, une reconnaissance par des faits et des actes forts devra s’opérer (invitation à des colloques, à des bilans avec des fondations, à suivre des formations sur leurs spécialisations…). La mise en place progressive de la reconnaissance de référents, ASE ou ASG dans de nombreux domaines peut permettre aux salariés de s’apercevoir du positionnement de leurs collègues. Les salariés relevant d’autres catégories professionnelles, qui ne sont pas ciblés par ces primes ou temps dédiés ou missions, eux, s’apercevoir que le style de leardership favorise la reconnaissance et le développement des compétences. 

Troisième analyse : Au regard de la pénibilité
L’objectif est enfin de permettre aux personnels soignants de réaliser des soins multidimensionnels en prenant en compte la complexité de la personne via ce type d’approche non médicamenteuse (un soin ne se limite pas à des toilettes, des repas, des accompagnements dans les gestes de la vie quotidienne et des couchers). Cette approche permet de dégager du temps pour d’autres missions qui sont souvent « moins pénible » physiquement et permette au personnel de voir le travail autrement. Pour une aide-soignante qui devra travailler jusqu’à plus de 62 ans voire 64 ans, s’engager sur ce type de missions peut-être valorisant et lui permettre de gagner en qualité de vie au travail

Lire la partie 1 de cet article : Rendre le secteur des EHPAD plus attractif en se basant sur la stratégie d’établissement

Lire la partie 3 de cet article : Axer le projet d’établissement sur une spécialisation

"Cette démarche initiée par un directeur d’ephad s’appliquant à l’attractivité des ehpad territoriaux, peut inspirer pour partie les recrutements dans les autres collectivités territoriales".


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