Augmentation générale des salaires de la fonction publique prochainement ? Post de Michel Doric
Quand, comment pourquoi, combien …
Cette année le muguet de mai a le parfum grisant des promesses, élections obligent !
Il était temps :
Pour commencer, un décret publié le 21 avril 2022, dernière mesure salariale du gouvernement précédent d’Emmanuel Macron, augmente le minimum de traitement des agents des trois fonctions publiques (d’Etat, hospitalière et territoriale) à compter du 1er mai,
Le salaire minimum des agents des trois fonctions publiques est donc revalorisé d’un peu plus de 42 euros bruts par mois et porté à 1 649,48 euros bruts mensuels pour un temps plein.
694 000 agents sont concernés.
Soit une augmentation d’un peu plus de 42 euros bruts par mois. Cela correspond à une progression de l’indice majoré minimum de 343 à 352.
Toutefois, personne n’y verra un bonus! c’est l’augmentation du SMIC qui entraîne ce relèvement automatique de l’indice minimum de traitement dans la fonction publique.
C’est une mesure bien plus punchy qui avait été annoncée le 14 mars 2022 par la ministre de la Transformation et de la Fonction Publique Amélie de Montchalin: une augmentation générale pour les 5,7 millions d'agents publics : le dégel du point d'indice qui sert à calculer la rémunération des fonctionnaires et contractuels est promis « avant l'été ».
Cette mesure était réclamée de longue date par les syndicats
Elle marque une rupture avec la politique salariale menée jusqu'ici par le gouvernement, plus favorable à des revalorisations ciblées.
Depuis une dizaine d’années. les augmentations générales se sont faites rares. La dernière avait été consentie par François Hollande en février 2017, déjà en fin de mandat. Il avait dégelé la valeur du point en deux temps, pour la porter à 4,68 euros.
« La décision est prise aujourd’hui, nous allons lancer les discussions avec toutes les parties prenantes (...) afin de permettre qu’elle soit effective (...) avant l’été », a déclaré la ministre
Alors qu’en décembre 2021, "les conditions n’étaient pas réunies » il y a eu subitement un élément nouveau aujourd’hui, justifiant ce changement de cap, le motif avancé étant que « l’inflation persiste, est forte et durable », selon Amélie de Montchalin.
Si le dégel du point d'indice se confirme, il sera inscrit « dans une loi de finances rectificative, qui devra être votée au Parlement cet été ».
Les commentateurs de tous bords se sont gaussés du calendrier de l’annonce qui coïncide avec les élections mais le fait est que le mouvement est enclenché.
Cela suffira-t-il à calmer la pression sociale ?
Alors que l’on constate une augmentation forte des dépenses des ménages sur les postes principaux de consommation (alimentaires de première nécessité, essence, électricité,…), la pression sociale augmente de manière forte et continue, faisant redouter à l’exécutif un nouvel épisode de protestation.
Cette augmentation n’est donc pas un cadeau
Depuis 2011, la hausse des prix est supérieure à 13%. Depuis le début du quinquennat actuel, elle est de l’ordre de 7,5%.
En juin 2022, les prévisions évoquent une inflation proche de 6% sur un an. Il s’agit donc, à la fois, de rattraper, mais aussi d’anticiper.
L’enjeu est aussi de redonner de l’attractivité à la fonction publique : c’est une attente juste de la part des agents et il faut continuer d’attirer des jeunes vers la fonction publique qui doit rester de haut niveau et demeurer une force de notre pays, atout reconnu et envié partout et par tous.
En plus du dégel de la valeur du point, Amélie de Montchalin s’est engagée à agir sur l’indemnité kilométrique que perçoivent les agents utilisant leur véhicule personnel dans le cadre de leurs fonctions. “Nous allons l’augmenter, comme pour les salariés du privé, d’au moins 10 %”, a précisé la ministre et “cette mesure sera effective dans les prochains jours.”
Plan Ségur pour toute la fonction publique ?
Nous assistons à une situation inédite sur les salaires de la fonction publique : En moins d'un an, l'inflation a entrainé à 3 reprises une revalorisation du Smic qui entraine à son tour la revalorisation du minimum de traitement dans la fonction publique et bientôt du point d'indice.
Le tassement des salaires "par le bas" et les efforts de nivellement successifs ressemblent à du bricolage réglementaire et font réagir toute la communauté des fonctionnaires qui réclament à juste titre une revalorisation des grilles indiciaires.
Selon les sirènes de certains médias, un nouveau plan de rattrapage semble être dans les tuyaux par le gouvernement mais pour l'instant nous ne savons pas grand chose.
Faut-il s'attendre à un nouveau PPCR « Parcours professionnels, carrières et rémunérations » avec pour objectif de mieux reconnaître l’engagement des fonctionnaires civils et des militaires en revalorisant leurs grilles indiciaires et en améliorant leurs perspectives de carrière ?
Cet accord salarial de 2017 vient à peine de s'achever après 4 années d'évolution de toutes les grilles indiciaires (points d'indices et durées d'échelon).
Ne faut-il pas retenir finalement que les salaires de la fonction publique sont trop proches du Smic et donc insuffisamment attractifs et qu'il conviendrait alors non pas d'évoquer un rattrapage mais plutôt une nette revalorisation des salaires afin d'attirer les jeunes vers les emplois publics ?
Et pourquoi pas un plan Ségur ou des assises de la fonction publique qui intègrerait une vrai réforme des conditions d'emploi et de déroulement de carrière ?