Créée en 1945, l’École nationale d’administration (ENA) fut pendant plus de soixante-quinze ans la grande école française de formation des hauts fonctionnaires de l’État. Elle avait pour vocation de démocratiser l’accès à la haute fonction publique et de professionnaliser les cadres de direction de l’administration.
Chaque année, entre 80 et 100 élèves étaient admis en formation initiale, auxquels s’ajoutaient des élèves internationaux, des stagiaires en formation continue et des auditeurs de cycles spécialisés.
En 2021, une réforme majeure a conduit à la suppression de l’ENA, remplacée depuis le 1er janvier 2022 par l’Institut du service public (ISP), qui en reprend les missions de formation des cadres supérieurs de l’État tout en renouvelant profondément les parcours et la philosophie de recrutement.

Le rôle et la vocation de l’ENA
L’ENA avait été conçue pour ouvrir l’accès aux postes de direction de la fonction publique à des profils variés et pour rompre avec les pratiques anciennes de cooptation.
Elle formait les futurs administrateurs civils, auditeurs du Conseil d’État, inspecteurs des finances, diplomates, ou encore directeurs de cabinet au sein des ministères et préfectures.
L’école combinait une exigence académique forte (droit, économie, finances publiques, affaires européennes) et une formation pratique ancrée dans la réalité de l’action publique (stages en collectivités, en préfecture, en entreprise ou à l’international).
Les concours d’entrée à l’ENA
Avant sa transformation, l’ENA organisait plusieurs concours d’accès, ouverts aux ressortissants de l’Union européenne et aux candidats étrangers selon leur statut.
Quatre voies principales permettaient d’intégrer l’école :
- Le concours externe, accessible aux titulaires d’un diplôme de niveau bac +3 minimum, ouvert notamment aux étudiants issus des Instituts d’études politiques ou d’universités.
- Le concours interne, réservé aux fonctionnaires et agents publics justifiant de 4 années d’expérience professionnelle, sans condition de diplôme.
- Le troisième concours, destiné aux candidats du secteur privé, élus locaux ou responsables associatifs disposant d’au moins 8 années d’expérience professionnelle.
- Le concours international, ouvert aux fonctionnaires étrangers se destinant à des postes d’encadrement dans leur pays d’origine.
Chaque candidat ne pouvait se présenter plus de trois fois à un même concours et cinq fois au total à l’ensemble des épreuves.
Les inscriptions étaient réalisées en ligne, généralement jusqu’au mois de mai, avec des épreuves écrites d’admissibilité en août et des oraux d’admission en novembre.
Conditions de participation
Les concours d’entrée à l’ENA étaient soumis à des critères stricts :
- nationalité d’un pays de l’Union européenne ou, pour le concours international, d’un État partenaire ;
- casier judiciaire vierge ;
- respect de la limite d’âge fixée par chaque concours ;
- non-dépassement du nombre de tentatives autorisées.
Les candidats pouvaient se préparer via des classes préparatoires conventionnées avec l’ENA, installées dans les Instituts d’études politiques, les universités ou des établissements agréés. Ces préparations publiques visaient à renforcer l’égalité des chances d’accès à la haute fonction publique.
La formation à l’ENA
Les élèves admis à l’ENA devenaient fonctionnaires-stagiaires dès leur entrée en formation. Ils percevaient une rémunération d’environ 1 350 € nets par mois (indice brut 395) et s’engageaient à servir l’État pendant dix ans après leur titularisation.
Le cursus s’étendait sur 27 mois et se composait de deux phases :
- un tronc commun de 24 mois, structuré autour de trois modules : Europe, Territoires, Gestion et management publics, assortis de stages en France et à l’étranger ;
- une phase d’approfondissement de 3 mois, avec des spécialisations possibles : international, économique et financière, juridique, sociale ou territoriale.
Les élèves suivaient également des cours de langues étrangères, de culture générale et d’expression orale, ainsi qu’un module de formation physique et sportive.
En parallèle, l’école proposait des mastères spécialisés et des formations continues destinés à des administrateurs civils, officiers, cadres publics ou privés et assistants parlementaires.
Le classement de sortie et les carrières
À la fin de leur scolarité, les élèves étaient classés selon leurs résultats aux épreuves, aux stages et aux évaluations.
Ce classement de sortie conditionnait leur affectation dans les différentes institutions de l’État :
- Conseil d’État, Cour des comptes, inspections générales, ministères, préfectures, ambassades, chambres régionales des comptes, etc.
Les débouchés offerts par l’ENA étaient nombreux :
- Administrateur civil dans les ministères (notamment à l’Économie et aux Finances) ;
- Auditeur au Conseil d’État ou à la Cour des comptes ;
- Conseiller dans les juridictions administratives ;
- Directeur de cabinet de préfet ou de sous-préfet ;
- Inspecteur adjoint dans les corps d’inspection générale (IGA, IGF, IGAS) ;
- Administrateur de la Ville de Paris ou conseiller des affaires étrangères.
La fin de l’ENA et la création de l’Institut du service public (ISP)
Le 8 avril 2021, le président Emmanuel Macron a annoncé la suppression de l’ENA, dans le cadre d’une réforme de la haute fonction publique.
Depuis le 1er janvier 2022, l’école est remplacée par l’Institut du service public (ISP), situé à Strasbourg.
L’ISP reprend les missions de formation, mais avec une approche plus ouverte et décentralisée :
- un recrutement toujours sur concours, mais davantage centré sur la diversité des profils ;
- un parcours de formation recentré sur le service de terrain et la mobilité interministérielle ;
- la fin du « classement de sortie » au profit d’un parcours professionnel individualisé ;
- la suppression des anciens « grands corps » automatiques (Cour des comptes, Conseil d’État, Inspection des finances), remplacés par des affectations évolutives selon l’expérience et les résultats en poste.
L’ISP devient également le pôle national de formation continue des cadres supérieurs de l’administration, favorisant une culture commune du service public.
Symbole de l’excellence républicaine, l’ENA a marqué l’histoire administrative française avant de laisser place à l’Institut du service public. Ce nouvel établissement conserve la même exigence académique tout en incarnant une fonction publique modernisée, plus diversifiée et ancrée dans les réalités du terrain.
FAQ – ENA / Institut du service public
L’ENA existe-t-elle encore aujourd’hui ?
Non. Elle a été remplacée depuis le 1er janvier 2022 par l’Institut du service public (ISP), situé à Strasbourg.
Quel est le rôle de l’ISP ?
L’Institut du service public forme les hauts fonctionnaires de l’État et promeut une approche plus ouverte, tournée vers la diversité, la mobilité et la proximité avec les citoyens.
Peut-on encore parler de concours de l’ENA ?
Le concours de l’ENA n’existe plus en tant que tel, mais les nouveaux concours de l’ISP reprennent les principes d’accès à la haute fonction publique, avec plusieurs voies d’admission.
Quelle formation proposait l’ENA ?
Un cursus de 27 mois comprenant enseignements théoriques, stages et modules de spécialisation, sanctionné par un classement de sortie.
Quels métiers exercent les anciens élèves de l’ENA ?
Ils occupent des postes de direction dans les ministères, les ambassades, les juridictions administratives, les inspections générales ou les collectivités locales.