
En mai et juin, les collectivités pourront tester en grandeur nature leurs dispositifs de lutte contre les risques naturels ou technologiques grâce à l’opération Prépa’Risk. Cette action est une des déclinaisons de la loi dite « Matras » du 25 novembre 2021 visant à consolider notre modèle de sécurité civile, entre autres. Elle fait suite à celle de 2004, portant sur la modernisation de la sécurité civile, et conforte les plans communaux et intercommunaux de sauvegarde (PCS et PICS).
Que dit la loi sur les plans de sauvegarde ?
Les dispositions de la loi « Matras » engagent les collectivités sur des axes ciblés :
- consolider le modèle de sécurité civile, avec la clarification du cadre d’intervention des services d’incendie et de secours, et des modalités d’intervention du SAMU ;
- conforter l’engagement et le volontariat des sapeurs-pompiers volontaires, en créant notamment une réserve citoyenne ;
- expérimenter un numéro unique d’appel d’urgence ;
- et anticiper la gestion de crise.
Ce dernier point conforte donc les plans communaux et intercommunaux de sauvegarde, déjà obligatoires pour certaines collectivités. Elles devaient déjà en effet être dotées d’un plan de prévention des risques naturels ou technologiques précis. La loi de 2021 étend désormais cette obligation pour des risques plus étendus, ainsi que l’information des populations concernées.
Le décret du 8 décembre 2022 relatif aux modalités d’organisation des exercices des plans communaux et intercommunaux de sauvegarde précise les modalités d’exécution de ces plans. Des exercices devront être organisés régulièrement afin de tester leur pertinence et leur réalisme, depuis l’association des acteurs jusqu’aux retours d’expérience, en passant par l’activation de la réserve communale de sécurité civile. Les collectivités devront s’exercer a minima une fois tous les cinq ans.
Prépa’Risk, des simulations grandeur nature clé en main
C’est l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT) qui organise l’action innovante Prépa’Risk, en lien avec le Ministère de l’écologie, de Ministère de l’Intérieur, les préfectures et des partenaires privés.
Cette association rassemble tous les partenaires concernés par la prévention et la gestion des risques de catastrophes ainsi que la réduction de leurs conséquences : experts, scientifiques, collectivités territoriales, universitaires, élus locaux et nationaux, associations, entreprises et représentants de l’État. Elle anime et gère ce réseau d’acteurs, met en place des animations scientifiques et techniques, territoriale et intersectorielle, au niveau national, européen et international.
C’est dans ce cadre que l’AFPCNT accompagne les communes et intercommunalités qui le souhaitent, à travers des mises en situation concrètes. Treize scénarios ciblés ont été créés par des spécialistes et mis en ligne, afin de permettre aux collectivités de mieux se projeter sur les risques qui peuvent les impacter.
Cet escape game grandeur nature a été imaginé dans le contexte actuel de changement climatique et d’accroissement des phénomènes en découlant. Se préparer à gérer les risques naturels et/ou technologiques qui peuvent survenir permettra à chaque organisation de mieux réagir et s’adapter aux situations extrêmes.
Dans le cadre des PCS et des PICS, l’association propose des exercices gratuits et clés en main avec un scénario par risque majeur, sans préparation particulière.
Les collectivités intéressées doivent s’inscrire sur la plateforme en ligne Prépa'Risk sur la ou les simulations souhaitées. Elles sont prévenues que chacune ne durera pas plus de 2 heures. Les responsables doivent se connecter le jour fixé par le calendrier et suivre les indications affichées. Un retour d’expérience anonyme pourra être partagé après l’exercice.
Le calendrier mis en ligne est le suivant, risque par risque :
- 16 mai : risque de tempête ;
- 22 mai : rupture de barrage ;
- 23 mai : cyclone ;
- 25 mai : volcan ;
- 30 mai : industriel ;
- 1er juin : mouvement de terrain ;
- 5 juin : transport de marchandise dangereuse ;
- 6 juin : inondation ;
- 8 juin : feux de forêt ;
- 12 juin : séisme ;
- 13 juin : submersion ;
- 15 juin : tsunami ;
- 19 juin : feux de forêt ;
- 20 juin : avalanche ;
- 22 juin : inondation.
Les collectivités peuvent s’inscrire en ligne jusqu’à quatre jours avant la date de la simulation.
Comment les populations peuvent-elles être prévenues des risques ?
En dehors de ces exercices, en France, un nouveau dispositif a été récemment déployé sur l’ensemble du territoire pour prévenir les citoyens en cas de menace directe et immédiate. Le système des sirènes, utilisés depuis l’après-guerre, est désormais complété du dispositif FR-Alert depuis l’été 2022. Il permet de prévenir en temps réel toutes les personnes détentrices d’un téléphone portable et connectées à un réseau mobile. Le site FR-Alert répertorie en temps réel les dernières alertes en France et permet de les situer sur une carte. Des filtres permettent de chercher les principaux risques sur le territoire.
Si ces personnes se trouvent à un moment précis dans l’une des zones concernées par un risque immédiat ciblé, elles recevront une notification doublée d’un signal sonore spécifique (et même si le téléphone est en mode silencieux).
Ce dispositif est réservé aux services de l’État (ministères et/ou préfectures) pour prévenir des catastrophes naturelles de forte intensité comme les tempêtes, les inondations, ou les événements graves de sécurité publique comme des attentats ou des risques biologiques et chimiques.
Ce système d’information utilise la technologie de la diffusion cellulaire en transmettant les informations choisies à toutes les cartes SIM présentes au sein d’une zone ciblée. Les utilisateurs sont donc géolocalisés, mais de manière anonyme via leurs opérateurs de téléphonie.
Le message est rédigé par l’autorité compétente sur le portail d’alerte de l’État. Il est diffusé aux opérateurs de téléphonie mobile et transmis aux antennes du réseau couvrant spécifiquement la zone de danger. Les utilisateurs se trouvant sur ce territoire reçoivent un sms d’alerte sur leur téléphone portable, et sont fortement encouragés à suivre les consignes transmises. Les informations peuvent concerner la nature du risque, l’autorité qui diffuse le message, la localisation du danger, l’attitude à adopter et le cas échéant, le lien internet à suivre pour obtenir des compléments d’informations.
Les événements suivants peuvent être concernés :
- risques naturels (tempêtes, incendies, éruptions volcaniques, etc.),
- les risques biologiques et chimiques (fuites de gaz, pollutions, incidents nucléaires, etc.),
- les risques sanitaires (incidents agro-alimentaires, épidémies, etc.),
- les risques technologiques et industriels (accidents graves sur les réseaux, panne des moyens de télécommunication classiques, etc.),
- les actes à caractère terroriste,
- les événements graves de sécurité publique, etc.