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DGS : gestionnaire de la complexité de l’action publique locale ! entretien avec Philippe Mocellin Partie 2

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15/05/2024
Fiche pratique n° 2306

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Entretien avec Philippe MOCELLIN, Directeur Général des Services de la Ville de Perpignan
« DGS EMPLOI - COLLECTIVITES » - mars 2024

1ère partie de l'entretien

DGS : gestionnaire de la complexité de l’action publique locale ! -Partie 2

Emploi-Collectivités : Toutes ces démarches ne s’inscrivent-elles pas dans un « projet de ville » ambitieux, porteur d’une réelle vision de la ville de demain ? 

Ph. MOCELLIN : Je vous le confirme et c’est d’ailleurs le message contenu dans le plan de mandat, 

Il faut tout à la fois œuvrer au quotidien, répondre aux préoccupations immédiates de nos concitoyens et penser l’avenir.

L’enjeu est de définir les contours d’une stratégie urbaine et surtout, en effet, s’entendre sur une vision pour les années à venir, embrassant les multiples facettes d’un développement maîtrisé de la ville, touchant à l’activité économique, au tourisme, aux mobilités, à l’offre de formation…. 

Porter cette vision, à partir - comme le proposent les prospectivistes - de la mise en évidence des futurs « possibles » (ce qui peut advenir ?) et en choisissant, en conscience, les futurs dits « souhaitables » (quelle ville voulons-nous à un horizon de 10 à 15 ans ?). 

Ce qui apparaît prioritaire c’est bien de se doter, à terme, d’un véritable schéma directeur d’aménagement urbain, fondé sur la recherche de qualité, tant sur le plan paysager qu’architectural.

Autre problématique et comme déjà mentionné, il sera alors question de réaffirmer la nécessité, au nom de l’intérêt général et en écho, du reste, avec les nouvelles réglementations, à, l’instar du zéro artificialisation nette (ZAN), de contrecarrer l’étalement urbain, en proposant de mieux repérer, au sein de notre ville, le potentiel foncier constructible et les possibilités de reconversion de friches. 

Notre Maire a par ailleurs, à juste titre, souligné combien il s’avérait indispensable de faire preuve d’anticipation politique, dans un département, comme les Pyrénées Orientales, confronté, depuis 2 ans, à la sécheresse et à la raréfaction de la ressource en eau… et aux conséquences directes et indirectes du changement climatique. 

 Parce que susceptible d’être contraint d’adopter des mesures de plus en plus restrictives, fortement handicapantes pour notre agriculture et le tourisme, notre territoire n’a plus le choix, autre que celui d’investir pour mieux prévenir. 

Lutter contre les gaspillages par le retraitement et la récupération d’eau et alors que notre ville montre l’exemple en réutilisant l’eau des piscines pour nettoyer ses rues.

Mais aussi, retenues collinaires, désalinisation de l’eau… renvoyant à un nouveau modèle de production et de consommation à inventer. 

Emploi-Collectivités : Si le DGS est bien le gestionnaire de la complexité, il doit faire également avec les contraintes budgétaires… ? 

Ph. MOCELLIN : Cela relève parfois de l’acrobatie, combinée aux injonctions de l’Etat et aux conséquences financières multiples qui en découlent. 

La préparation du budget 2024 s’est effectuée dans notre ville, comme pour toutes les collectivités, sur fond d’inflation, de taux d’intérêt élevés, d’explosion de la facture d’électricité et de la montée en charge des dépenses de personnel, effet mécanique, parmi d’autres raisons, de l’augmentation nationale du point d’indice….

Qui, je me permets de le répéter, si bienvenu pour des milliers de fonctionnaires et d’ailleurs justifié, a été décidé, par le Gouvernement, sans aucune compensation financière en faveur des communes. 

A l’échelle de Perpignan - à signaler avec insistance- ayant choisi, à la différence d’autres communes, la stabilité en matière de taux de fiscalité, ce sont, en quelques années, plus de 14 millions d’euros d’augmentation de dépenses de fonctionnement, totalement imposés par les circonstances économiques. 

En ajoutant que l’Etat, nous n’en sommes pas à une contradiction près, a décidé d’encadrer ces mêmes dépenses, jusqu’en 2027, au travers d’une réduction annuelle de 0,5 % par rapport au taux d’inflation. 

Alors que notre ville assume d’importantes charges de « centralité » au sein de la Communauté Urbaine, un effet « ciseau » se fait sentir, à l’instar de toutes les grandes villes : à savoir, une progression des dépenses plus importante que les recettes, entamant, immanquablement, la capacité d’épargne, pourtant indispensable au maintien d’un niveau d’investissement à la hauteur des enjeux. 

En dépit de toutes ces contraintes, l’exécutif municipal tient une ligne stratégique cohérente et réaliste, mariant, action publique volontariste et respect des grands équilibres budgétaires. 

Sur la base d’une hypothèse de 20 millions d’euros d’emprunt nouveau par an, nous serons en effet en mesure de stabiliser notre stock de dette pour la période 2024 – 2028. 

En 2024, la section de fonctionnement devrait s’équilibrer à environ 219 millions d’euros, en dégageant une réelle capacité d’autofinancement, de l’ordre de plus de 9 millions d’euros.

L’objectif est de garantir, signal fort pour l’emploi local, une politique d’investissement soutenue, avec un volume de travaux qui se situerait entre 45 et 50 millions d’euros pour les années futures. 

Pour ce faire, il est proposé, pour cette seconde partie de la mandature, de fixer un cap et de décliner un plan d’action budgétaire pluriannuel. 

Grâce à l’implication de toute l’administration municipale, il est d’abord question de maîtriser, à très court terme, la trajectoire des dépenses de fonctionnement, par la mise en place d’un « dialogue de gestion » inédit dans notre collectivité et de poursuivre les démarches d’optimisation des ressources humaines ainsi que nos actions de réduction de nos consommations d’électricité dans nos bâtiments communaux. 

Il n’en demeure pas moins que les dernières annonces gouvernementales, arrêtant un programme d’économie de 10 milliards d’euros, pourraient encore bouleverser les prévisions budgétaires de nos collectivités locales. 

Selon Bercy, le montant estimé des intérêts de la dette publique de l’Etat atteindrait, d’ici 2027, 87 milliards d’euros, autant dire que cette charge constituerait alors le premier poste de dépense devant l’Education Nationale… !

Face à cette situation et alors que le budget 2024 vient d’être adopté, des coupes financières sont donc prévues sur les dépenses courantes des ministères mais aussi des ponctions sur le dispositif MaPrimeRénov’, le Fonds vert et sur les crédits de l’Agence nationale de la cohésion des territoires…

Est alors dénoncé, pêle-mêle, l’incohérence de ces choix, au regard des priorités du moment, notamment concernant la baisse des financements, d’un montant d’un milliard, en matière de rénovation énergétique, dans ce contexte de hausse, sans précédent, des prix de l’électricité, la réduction des moyens dans le domaine de la transition écologique, soit 2 milliards en moins ou encore l’amputation de 300 millions, des aides à l’amélioration de l’habitat, en pleine crise du logement… !

Si le ministre de l’Économie indique que ces économies ne concernent pas les collectivités locales, l’incertitude demeure, néanmoins, à cette heure, sur le montant des dotations de fonctionnement de l’Etat… 

Et disons-le, la réduction des financements et des subventions d’Etat impliquera forcément une baisse de moyens dans les missions d’accompagnement auprès des collectivités et une révision des ambitions dans la conduite de certaines politiques publiques locales…

Sans envisager le retour des « contrats de Cahors », force est de reconnaître que la menace plane et en tout état de cause, la marge de manœuvre des collectivités locales demeure assez faible.

Ou l’Etat devra signifier à nos Maires quels sont les services publics qu’il faudra dégrader… ?

 Et alors que nous avons besoin, tout au contraire, de solutions pour lutter contre la désertification médicale, de plus de moyens de police et de justice et d’être davantage soutenus dans les programmes d’amélioration de l’habitat… 

Emploi-Collectivités : La question du management des équipes constitue aussi la condition de la réussite des projets… avez-vous le sentiment d’avoir su installer, depuis votre arrivée, les « bonnes pratiques » ? 

Ph. MOCELLIN : Ce serait vraiment très présomptueux de le penser ! 

Je rappelle que dès 2021, avec le soutien de notre direction des ressources humaines, nous avons mobilisé l’ensemble de nos services autour de l’élaboration d’un projet d’administration. 

Cette démarche a permis d’engager un large mouvement de réorganisation répondant à une double exigence : décliner les priorités du projet de mandat et améliorer l’efficience du service à rendre auprès de nos concitoyens. 

Au travers de l’adoption de projets de services, l’enjeu était de définir plus clairement les périmètres de mission et de rechercher une meilleure optimisation des ressources.

Bâti dans le but de moderniser et de simplifier nos pratiques, ce projet d’administration a été précisément conçu comme un outil de pilotage et de transversalité. 

Valoriser les compétences, encourager l’investissement des équipes, accompagner le suivi des carrières, conforter la qualité de vie professionnelle : tels sont les axes forts du projet, traduits autour de la réalisation de 20 actions prioritaires, pilotées par des « chefs de projets ». 

Nous avons collectivement, par l’intermédiaire de cette « feuille de route » partagée, franchi une première étape. 

L’impératif est de faire vivre ce dispositif interne au long cours et de procéder à son évaluation concrète.

Je proposerai, au cours de l’année 2024, un nouveau séminaire de travail et des ateliers participatifs, spécialement centrés sur les postures managériales, la « ré-interrogation » de nos organisations, en cohérence avec notre plan d’action budgétaire et la mise en œuvre d’initiatives éco-responsables, en vue de l’obtention possible de la 4ième étoile du label « climat-air-énergie ». 

J’ajoute que notre collectivité, avec l’appui d’un cabinet-conseil, s’est lancée dans une démarche de construction d’une cartographie des risques, intégrant également les recommandations prévues par la Loi Sapin 2 en matière de déontologie. 

Une cartographie globale d’analyse approfondie qui concerne, notamment, les marchés publics, les finances, les systèmes d’information, le parc auto et également les ressources humaines et bien entendu, assortie de pistes d’actions concrètes qu’il conviendra de suivre dans le temps. 

Ce ne doit pas être un exercice technique mais une démarche que chaque service concerné doit s’approprier de façon pragmatique, dans le but précisément d’améliorer encore les conditions du travail et du recrutement, de tenir compte de l’évolution des métiers et de soutenir nos managers en ces domaines. 

L’objectif ne vise pas une évaluation, proprement dite mais plutôt de mettre l’accent sur les points de vulnérabilité et d’acquérir une « culture du risque » et de la prévention. 

Une mutation majeure dans nos collectivités locales… 

1ère partie de l'entretien
 

Voir aussi, en complément : 

https://ouillade.eu/politique/perpignan-sondage-mi-mandat-la-securite-represente-le-fil-rouge-visible-de-laction-municipale-assortie-dun-haut-niveau-dattente-et-de-satisfaction-resultats-et-analys/279738

https://ecomnews.fr/news/perpignan-interview-de-philippe-mocellin-dgs-de-la-ville-les-villes-sont-desormais-le-premier-recours-et-le-dernier-espoir-pour-nos-concitoyens/
https://www.emploi-collectivites.fr/liberte-collectivites-mocellin-blog-territorial

dgs-gestionnaire-action-publique 3

 


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